Sécurité des usagers vulnérables
Les piétons, qu’ils soient enfants ou adultes, les cyclistes et les usagers de deux-roues motorisés figurent parmi les usagers de la route les plus vulnérables car ils restent mal protégés en cas de collision. Leur mortalité demeure élevée et leur part augmente avec le développement des modes actifs dans les zones urbaines. En 2018, l’Ifsttar a mené plusieurs projets qui abordent cette problématique. Ces projets sont destinés à identifier des leviers d’actions pour rendre, dès l’école, les campagnes de sensibilisation aux risques routiers plus efficaces mais aussi afin de mieux comprendre comment l’accident peut surgir. Les piétons et les cyclistes peuvent être mieux protégés grâce à des dispositifs de détection plus performants. Le comportement des deux-roues, en particulier dans les virages, est étudié afin d’identifier à la fois les problèmes posés par les infrastructures routières et les comportements inadaptés de certains usagers.
QASPER – Qualité de l’Attestation Scolaire de Première Éducation à la Route
Le projet QASPER a porté sur l’évaluation de la première éducation à la route délivrée à l'école élémentaire. Il a bénéficié d’une subvention de la Délégation à la sécurité routière (DSR) en partenariat avec la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco). Les objectifs étaient de proposer, dans un premier temps, un état des lieux des actions d’éducation menées auprès des élèves, puis dans second temps, d’évaluer leur impact sur les élèves, la pertinence et l’efficacité de cette éducation à la sécurité routière, les relations entre les caractéristiques individuelles, socio-affectives et environnementales des élèves et leurs comportements à risque, et enfin de donner des éléments d’orientation pour le développement et l’amélioration de l’éducation à la route. Pour atteindre ces objectifs, plusieurs études ont été menées entre 2016 et 2018. Des entretiens, des observations et des enquêtes par questionnaire ont été conduits auprès des enseignants, des parents et des enfants. Par exemple, 68 % des 2 272 enseignants du premier degré interrogés ont déclaré mener effectivement des enseignements en lien avec la sécurité routière pour une moyenne de 8 heures par an. Le projet a abouti à la production de recommandations pour améliorer l’enseignement de la sécurité routière à l’école telles que : développer des actions portant sur l’enfant passager, associer davantage les parents d’élèves aux actions de prévention, ou encore valoriser les comportements positifs.
Personnes impliquées : Bérengère Rubio, Julien Cestac, Jean-Pascal Assailly & Jean-Marie Burkhardt .
PROSPECT (H2020) – Détection des usagers vulnérables
Le partage de l’environnement routier entre usagers vulnérables et véhicules engendre des situations accidentogènes spécifiques liées aux difficultés de leur détection par les conducteurs. L’objectif du projet PROSPECT est d’améliorer l’efficacité des systèmes de sécurité active capables de détecter piétons et cyclistes et d’éviter ce type d’accidents (palette plus large de scénarios, détection plus précoce, analyse proactive et activation plus rapide).
Des observations vidéos de trafic ont été réalisées par le LESCOT. Les situations conflictuelles en ont été extraites grâce à des algorithmes développés par le LEOST (1 080 heures analysées). Ce travail, à destination des développeurs des systèmes, a permis de constituer un recueil exhaustif de conflits codés (contexte, trajectoire et cinématique).
Plusieurs stratégies d’assistance ont été développées par les partenaires industriels du projet (Daimler, Bosch, Conti), de l’alerte à la prise de contrôle du véhicule (freinage ou évitement d’urgence automatique). Lorsque l’on recourt à de tels systèmes, il est crucial qu’ils soient bien acceptés par les conducteurs. Les résultats des tests pilotés par le LESCOT montrent une forte probabilité d'acceptation des systèmes PROSPECT : les conducteurs se sont montrés particulièrement positifs à l'égard de la fonction d'alerte. Ils se sont déclarés également prêts à équiper leurs véhicules des fonctions de freinage et d’évitement, même si un taux d’acceptation un peu moindre est obtenu pour l’évitement.
Sécu2RM – Causes et conséquences corporelles des accidents en deux-roues motorisés
Le projet Sécu2RM, soutenu par la Fondation Sécurité Routière (650 k€), a impliqué trois laboratoires de TS2 (Umrestte, LBA, LBMC), un laboratoire de l'Université de Strasbourg et le Ceesar (Centre Européen d’Études de Sécurité et d’Analyse des Risques). Deux approches disciplinaires, épidémiologique et biomécanique, ont été conjointement mises en œuvre pour mieux cerner les enjeux de l’accidentalité des 2RM. Les estimations des niveaux de blessures ont été réalisées à partir du Registre du Rhône, d'une enquête spécifique et d'un recueil de données cliniques dans les services d'accueil d'urgence vitale à Lyon et Marseille en 2016.
Les résultats obtenus montrent les enjeux liés à l’attention que les automobilistes portent aux deux-roues motorisés (2RM), à leur détectabilité, ainsi qu'à la prise de conscience des conducteurs de 2RM des difficultés qu'ils peuvent poser. L'amélioration de l'état de la chaussée ou une signalisation adaptée représentent également un enjeu fort pour diminuer les pertes de contrôle des 2RM. En termes de protection, l'efficacité des vêtements conçus pour la pratique du 2RM pour limiter la survenue de blessures fréquentes telles que dermabrasions et plaies, et celle du casque intégral pour éviter certaines lésions du visage sont avérées. Lorsque l’on superpose l’analyse des données cliniques à l’analyse biomécanique, les résultats obtenus soulignent les enjeux de conception et d’évaluation permettant de mieux encadrer la mise en œuvre de dispositifs de protection : évolution de la norme concernant les casques, cadre normatif pour la mise au point d'airbags protecteurs du thorax et du rachis.