Ruptures technologiques et sociétales
Les systèmes de transport ont en général une évolution continue dans l’amélioration de leur exploitation et de leur maintenance. Parfois, un saut technologique peut venir perturber ce cycle lent et provoquer des ruptures totales. Les ruptures peuvent être, soit technologiques, et a priori maîtrisables, comme sur des composants électroniques, soit sociétales, comme sur le véhicule autonome. Dans ce cas, elles réclament une forme d’appropriation qui passe par de l’information médiatisée.
Le Projet MeGaN – Une filière française pour des composants de puissance en Nitrure de Galium (GaN)
Le projet a eu pour objectif de développer une filière française de composants à base de GaN pour des applications de puissance. La rupture recherchée est l'atteinte de niveaux importants d'efficacité énergétique avec la possibilité de fonctionner dans des ambiances sévères et très confinées et diminuer les poids et volumes des dispositifs. Ces performances sont rendues possibles grâce aux matériaux semi-conducteurs "grands gaps" comme le Carbure de Silicium (SiC), le GaN ou encore le diamant.
Les applications visées ont été les convertisseurs de traction et de recharge de batterie automobile ainsi que des applications photovoltaïques et aéronautiques. Débuté en 2012 et terminé en 2018, ce projet financé par la BPI s'est construit autour d'end-users (Renault, Safran, Schneider Electric), d'industriels (Valeo, Loupot, Id-mos, Tronico) et d'académiques (CEA-LETI, CNRS, INSA-Lyon, ARMINES, Université de Grenoble et Ifsttar) pour un coût total de 45M€.
Le projet a produit des composants jusqu'à 100A-650V en technologie HEMT (High Electron Mobility Transistors) et la conception d'un matériau colaminé (cuivre/Invar) qui a permis la mise au point d'un package adapté à des ambiances chaudes. La plateforme de vieillissement de l'Ifsttar a mis en évidence les principaux modes de défaillances de ces composants. Les travaux ont donné lieu à la soutenance de deux thèses à TEMA et à plusieurs publications scientifiques.
Le véhicule autonome comme objet médiatique
Financé par la DGITM-MTI, le projet VACOM analyse la façon dont le véhicule autonome est représenté et mis en scène dans les discours médiatisés francophones et anglophones. Ces discours ont été collectés dans les médias dits "grand public" de la presse écrite et d’internet, et sur le média dit "social" de Twitter, entre décembre 2017 et mai 2018, ainsi que dans une sélection de quotidiens nationaux français, américains et anglais entre 2012 et 2018. Cette collecte a permis d’apporter des éléments de connaissance sur le volume, l’origine et le cadrage problématique des informations diffusées à propos du véhicule autonome. Le sujet occupe depuis 2015 une place croissante mais néanmoins fluctuante dans les discours médiatiques. La survenue d’un événement notable entraîne une forte médiatisation dans la presse et une démocratisation de l’intérêt sur Twitter (sinon, seuls une cinquantaine de comptes s’intéressent au sujet), mais également une homogénéisation des contenus. Les sources d’information sont les mêmes pour tous, et les producteurs sont passés maîtres dans l’art du recyclage des articles produits par autrui. Lorsqu’un événement de même nature succède à un autre (accident mortel par exemple), son traitement médiatique ne capitalise pas sur les couvertures précédentes pour gagner en importance. Abordée principalement du point de vue des acteurs privés, la conduite autonome ne constitue encore ni un sujet de société ni un problème public construit.