Sécurité routière et entreprises

Une réflexion a aussi été menée pour venir en appui à la décision publique en apportant des éléments nouveaux en matière de valorisation socio-économique des blessés et d’effets des mobilités actives sur la santé des usagers.

En 2018, 3 259 personnes ont encore perdu la vie dans un accident de la route. Afin de réduire le nombre de morts sur nos routes, il faut trouver de nouveaux leviers d’action. Le Gouvernement français accompagne les entreprises pour diminuer le risque routier professionnel et prévenir les accidents et l’Ifsttar a apporté son soutien à la Délégation à la sécurité routière pour que les connaissances essaiment dans les entreprises qui gèrent un important parc automobile. L’entreprise doit ainsi développer des plans d’action qui prennent en compte les aspects de sécurité routière sur les trajets domicile – travail comme sur les déplacements réalisés dans le cadre des missions. Dans le cadre d’une expertise menée pour l’entreprise Butagaz, un éclairage a été porté sur l’influence des facteurs humains dans la survenue des accidents. Lors de la cinquième réunion du club des employeurs engagés en faveur de la sécurité routière, les facteurs qui permettent aux usagers d’adopter des comportements de précaution ont été particulièrement ciblés. Enfin, lors d’un colloque intitulé "La sécurité routière au travail : un levier de performance", différentes sessions thématiques et une table ronde ont permis aux entreprises représentées de réaliser des retours d’expérience, d’identifier les bonnes pratiques et les actions futures à mettre en œuvre.

VASEM – Estimation du coût des accidents de la route

L’insécurité routière en France est un problème majeur pour la collectivité et se traduit chaque année par plus de 3 000 morts et près de 300 000 blessés. C’est dans le but d'estimer le coût des accidentés de la route que la Délégation à la sécurité routière a apporté son soutien financier à l’Ifsttar pour lancer le projet Valorisation socio-économique de la morbidité routière. Ce projet a débuté en 2017 et se poursuit dans le cadre d’une thèse de doctorat.

Le coût des accidents de la route se répartit en cinq composantes principales : les coûts humains, les coûts médicaux, les pertes de production, les dommages matériels et les coûts administratifs. Les premiers résultats portent sur les coûts humains et les coûts médicaux. Ils ont été obtenus en partie par l’exploitation du Registre du Rhône et de la base du PMSI MCO (Programme de médicalisation des systèmes d’information en médecine-chirurgie-obstétrique). Le coût humain a été estimé à 89 000 euros pour le blessé léger hospitalisé et à 182 000 euros pour le blessé grave. Les coûts moyens d’hospitalisation de court séjour du blessé léger et du blessé grave ont quant à eux été estimés respectivement à 2 242 euros et 10 338 euros pour l’année 2013.

Les perspectives du projet visent à déterminer une méthode d’estimation des coûts des trois autres composantes. L’objectif ultime est de pouvoir estimer au mieux les conséquences socioéconomiques des accidents pour la société et fournir une aide à la décision publique lorsqu’il s’agit de prioriser les interventions dans le domaine de la sécurité routière.

Safety day Butagaz

Les Études Détaillées d’Accidents (EDA) du Laboratoire mécanismes d’accidents de l’Ifsttar permettent de discuter le rôle du facteur humain dans la genèse des accidents de la route. Les EDA réalisées à Salon-de-Provence sont un élément fondamental dans la recherche en accidentologie. L’intervention "en temps réel" sur les lieux d’accidents, d’une équipe composée d’une psychologue et d’un technicien, permet le recueil d’un nombre important de données sur les trois composants du système de circulation usager-véhicule-infrastructure. Cette démarche permet une analyse approfondie des causes et des mécanismes d’accidents. C’est pour cette compétence en accidentologie que l’entreprise Butagaz nous a sollicités. Notre intervention s’est intégrée aux journées "Safety days Butagaz". Après avoir exposé quelques connaissances générales sur la conduite automobile et le fonctionnement humain, nous avons notamment proposé une analyse de cas d’accidents EDA. Nous avons amené l’auditoire à prendre conscience que le système de circulation, par sa conception même, conduit l'humain à progresser dans un environnement complexe, variable, évolutif et incertain. C'est sa capacité à agir en corrigeant ses erreurs qui permet à l'humain de conduire. L’erreur humaine n’est pas une cause première de l’accident mais la conséquence de dysfonctionnements qui se situent en amont. Le film de notre intervention est disponible sur le site intranet de Butagaz. Pour l’entreprise, il sert de support de sensibilisation.

Schéma de reconstruction d’un accident EDA

L’Ifsttar accompagne les entreprises qui s’engagent en faveur de la sécurité des déplacements professionnels

Le 11 octobre 2016, en présence des ministres de l'Intérieur et du Travail, vingt-et-un chefs d’entreprise ont annoncé prendre sept engagements forts pour la sécurité des déplacements professionnels de leurs collaborateurs. Ils ont décidé d’organiser des rencontres afin de permettre aux entreprises signataires de mutualiser les outils et de travailler ensemble à des dispositifs de communication efficaces pour lutter contre le risque routier professionnel. Fin 2018, près de 1000 dirigeants d’entreprise ont signé cet appel. La cinquième réunion du club des employeurs engagés en faveur de la sécurité routière s’est tenue le 7 octobre 2018 à l’École Nationale d’Administration.

La matinée de travail était destinée à échanger autour des bilans et des actions mises en œuvre au sein de cinq entreprises invitées afin d’alimenter une réflexion collective permettant de dégager des pistes d’actions nouvelles. La matinée a été ouverte par un exposé de synthèse donné par un chercheur de l’Ifsttar sur l’adoption de comportements de précaution. Ceci a permis d’expliciter les apports de trois branches de la psychologie (cognitive, développementale et sociale) à l’identification de leviers d’action pour les entreprises (sensibilisation sur les étapes dans le changement de comportement et la nécessité d’adapter les interventions en conséquence). Le directeur délégué santé et sécurité au travail du Groupe SNCF, le chargé de sécurité au travail d’IBM France, le responsable prévention risques entreprises d’AXA Prévention et le responsable du pôle prévention et santé au travail de Covéa ont ensuite présenté leurs bilans et leurs plans d’action respectifs. La mise en réseau des acteurs va permettre de poursuivre les échanges.

Le 17 décembre 2018 a eu lieu le deuxième colloque national sur la sécurité routière au travail sur le thème "levier de performance" au cours duquel des entreprises sont venues témoigner. Il faut savoir que plus de la moitié des accidents mortels du travail sont des accidents de la route. Chaque année, ce sont près de 500 personnes qui périssent ainsi, au cours, soit d’un trajet pour se rendre au travail ou en revenir, soit en mission ; dix fois plus en garderont des séquelles très lourdes. Ce sont aussi près de 6 millions de journées de travail qui sont perdues.

L’objectif de cette journée visait à collecter des idées et des arguments pour mieux convaincre au sein des entreprises du bien-fondé de la démarche. Plusieurs tables rondes ont été menées sur la formation des salariés, sur les risques liés à l’alcool et au téléphone au volant, sur les plans de mobilité d’entreprise et sur les innovations technologiques.

Table ronde lors de la journée du 17 décembre 2018